Saluons une dernière fois ces âmes parties pour le ciel lors de la dernière MAJ.
Re: III.LES DISPARUS
Jeu 27 Juin - 14:08
Din'anshiral Nurrild
What is truth if not an illusion?
Kissing death and losing my breath
Adam Ulver Isenhart & Nuage Orion de Spalla
✷ ✤ ✷ Il pleut. Un constat, juste.. Un constat de la météo de Novigrad, quelque chose à laquelle tu t’es habitué depuis que tu as déposé tes valises ici, au milieu de Velen, au milieu de cette Temeria ravagée par ce que la guerre a pu engendrée d’une certaine manière. Tu observes la pluie qui s’écoule depuis la fenêtre de ta chaumière, tes doigts tapant nerveusement contre le rebord. Tu aurais dû sortir aujourd’hui, tu avais prévu de passer voir Dany, voir peut-être Lelio au passage ou de faire un énième saut ci et là chez d’autres avant de s’installer dans une taverne pour jouer quelques sons de vièle ou de luth avant de dormir à la belle étoile, sous un pont ou sur les quais, ou mieux, sous une arche sur la place du hiérarque. Mais non. La pluie était tombée très tôt ce matin, avant même que tu aies le temps de te lever et de voir la tristesse qui se gonflait dans le ciel sous formes de gros nuages noirs. Un comble pour toi, puisque tu portais le nom de ce même phénomène météorologique. Tu n’étais pas si différent d’ailleurs, de ceux dont tu empruntais le nom. Tu protégeais de la trop forte puissance des rayons du soleil parce que tu l’embrassais avec l’amour d’un être solaire, mais tu pouvais aussi de gorger de grisâtre qui ressortait sous différentes formes que tu ne dévoilais à quiconque. Cependant, il en demeurait que tu étais cloîtré chez toi et déjà l’anxiété commençait à infiltrer tes pores, glissant sous ton épiderme comme un virus, un parasite qui infesterait bientôt la totalité de ton être. Tu le sais, tu le sens, et tu n’as personne pour chasser le monstre au loin, alors le mieux que tu puisses faire, c’est essayer de t’occuper, essayer de trouver quelque chose pour que le monstre reste le plus loin possible, pour que peut-être, ta journée ne soit pas complètement détruite. Alors tu quittes la fenêtre, d’un pas félin, presque gracile, pour rejoindre la petite malle qui traîne dans un coin de la pièce, à côté d’une étagère à peine rangé sur laquelle une plante tente vainement de vivre. Ce n’est pas que tu n’aimes pas les plantes, tu trouves ça très joli, notamment chez Lelio, mais… Tu as l’impression que dès que tu essayes de bien faire, elles finissent par mourir alors, tu continues d’essayer, mais si ça semble être peine perdue. Tu ne peux juste pas abandonner une plante sous prétexte qu’elle est malade, mais tu ne sembles juste pas être bon pour ça. Peut-être que tu n’as simplement pas toutes les instructions sous la main, peut-être. Il en demeure que tes doigts détachent lentement la sangle qui maintient le coffre pour l’ouvrir et ainsi prendre ce dont tu as besoin à l’intérieur : deux petits pots remplis de peinture ainsi que quelques pinceaux avant de te lever. Tu t’installes devant ce qui te sert de cheminée, à même le sol, avec la toile déposée devant toi. Tu as un chevalet – fabriqué par ton paternel adoptif – mais tu préfères, parfois, rester sur le sol.
Tu passas, ainsi, plusieurs heures à gribouiller sur la toile, remplissant le blanc par un tumulte de couleurs sans visages ni formes, commençant avec l’aide de tes pinceaux pour finalement appliquer la peinture du bout des doigts. La composition est informe, se découpant en lignes parallèles de couleurs abstraites et tu ne sais pas vraiment ce que c’est censé représenter, mais ça te plaît, d’une certaine manière. C’est peut-être brouillon, mais c’est vivant. « C’est moche, Nuage. C’est pas vivant, c’est mort, comme toi au fond. » Tes yeux s’écarquillent soudainement à l’entente de ta propre voix dans ta tête, brûlante comme de l’acide, mais tu essayes de faire abstraction en prenant une deuxième toile, et de recommencer une autre composition, tout aussi fluide, tout aussi abstraite, tout aussi colorée. Quelque chose que tu aimerais pouvoir appliquer sur les murs de la ville, avec un peu de chance, quand tu y reviendras le lendemain, si la pluie s’est calmée. Tu ne veux pas rester plus longtemps entre ces murs, ils t’oppressent si largement, si fortement que c’est parfois l’asphyxie qui te menace, à grands coups de pelle. Lorsque ta deuxième composition est finie, tu l’observes pendant quelques minutes, le blanc se détachant parfois du bleu que tu as appliqué, du rouge qui louvoie entre les couches de jaune et de vert. Et tu es satisfait. Ce n’est pas forcément très joli, mais tu apprécies. Ce n’est pas quelque chose que tu pourrais donner à quelqu’un, personne ne mérite d’avoir ce genre de choses chez soi, à ton sens, ni même dans une quelconque galerie, mais ça te parle, ça te permet d’évacuer un peu de la douceur qui coule entre tes veines ou un peu du tumulte qui agite tes neurones. « On est au moins d’accord là-dessus, personne ne voudrait de ça chez soi. Regarde comme c’est laid ! » Tu sens les larmes qui te montent aux yeux, tu sens la douleur qui irradie de tes côtes mais également de l’arrière de ton crâne, et tu as juste envie de fermer les yeux et d’oublier qu’elle est là, qu’elle te martyrise en permanence. Cependant, tu reposes tes yeux sur les deux toiles et tu as l’impression que les formes ont changées, ont perdues en intensité et que la couleur s’est voilée dans une infamie d’expression artistique. C’est laid. C’est immonde. Comment tu… Non. C’est laid. Un premier sanglot t’échappe, brusquement, secoue ton corps déjà frêle. « C’est moche, c’est laid, c’est immonde… » Ta voix se brise alors que tu entends la voix derrière ton crâne qui approuve tes paroles et c’est ton poing qui s’enfonce dans la première, tes petits doigts venant l’éventrer sans ménagement, arrachant les pièces de couleur, puis dans la seconde, ne laissant ainsi que des morceaux éparpillés de couleur. Tu te recroquevilles, tes genoux contre ton torse tandis que tes mains se posent sur tes joues, les tâchant de quelques derniers empreintes de couleur. Tu te balances doucement, d’avant en arrière, en essayant d’étouffer du mieux que tu le peux les sanglots qui échappent à ton corps bien trop fragile avant que tu ne te lèves finalement, quelques minutes plus tard, les yeux encore embrumés par la déception et les larmes qui l’accompagnent. Par malheur, dans ton mouvement, tu fais rouler un pot de peinture qui vient créer un arc de cercle bleu sur le parquet. Tu essayes de rattraper, de nettoyer un peu, mais tu te sens si faible, si stupide, si idiot de ne pas avoir fait attention. « Imbécile. » Ce simple mot t’envoie dans la même spirale que d’habitude : celle où tu sens que tu vas perdre pied, que l’anxiété te consume. Tu redresses juste le pot, à genoux sur le sol, tes deux mains à plat sur ton pantalon et tu essayes d’inspirer, d’expirer, lentement, avant de te lever. Tu as mal, si mal.
Tu te sens stupide, pathétique, pitoyable et tu n’as même pas besoin de te concentrer pour entendre l’affirmation qui vient de cette voix qui est la tienne. Tu rejoins l’étage avec un peu de mal, et tu laisses lentement tomber tes vêtements, visant la baignoire pour laver la peinture qui traîne partout sur ton corps désormais. L’eau n’est pas froide, heureusement, et c’est uniquement grâce à la température ambiante de la pièce qui réchauffe l’eau que tu as mis dans la bassine le matin même. Tu glisses d’abord le bout de tes doigts à la surface, évitant à tout prix ton reflet, avant que ton corps tout entier ne se glisse à l’intérieur. Alors, bien évidemment, l’eau n’est pas aussi chaude que tu l’aimerais, mais ça pourrait être bien pire. Tu inspires, alors que tu t’enfonces totalement sous l’eau, de façon à ce que le liquide puisse nettoyer un peu les traces de peintures sur ton visage. Ce n’est qu’après que tu attrapes le savon pour le glisser là où tu sais que tu dois te nettoyer, méticuleusement, bien que ta concentration et tes pensées soient ailleurs, perdues dans une contrée lointaine de ton cerveau. Au bout d’un moment, ta peau est rougie à force de nettoyer et tu aurais pu te lever, te rhabiller et t’endormir, aussi simplement que ça, mais.. Ton œil est attiré par la lame posée sur le meuble où d’autres ustensiles sont. Tu essayes de te convaincre que tu n’en as pas besoin aujourd’hui, que ça va, jusqu’à ce que la voix résonne à nouveau, avec un rire. « Vraiment ? Tu es un déchet, Nuage. Un vrai déchet. Et tu te crois vivant ? Tu te crois bien ? Arrête de mentir. C’est faux, on le sait tous les deux. » Un couinement échappe à tes lèvres alors que tes doigts s’emparent de la lame, dans un geste désespéré de la faire taire et la première entaille apparaît, dans un geste purement instinctif, venant entailler tes côtes, à droite, la douleur brûlante venant te rappeler à quel point tu vis, malgré tout. Que tu n’es pas mort, que ça va, que tu te tiens toujours debout, malgré cette douleur persistante derrière ton crâne. Tu inspires, expires, replis tes jambes contre ton torse, laissant ton front tombé sur tes genoux avec un soupir alors que tu sais que le sang s’exfiltre de ta peau, mais tu t’en occuperas plus tard. « Imbécile, incapable, stupide enfant au nom débile ! Comme si… Comme si te faire du mal allait te donner de la légitimité à vivre ! Comme si on pouvait encore t’apprécier après ce que tu fais. Tu es juste une infamie. » Tu te recroquevilles encore un peu, comme si c’était encore possible, les larmes affluant sur tes joues alors que les mots deviennent de plus en plus persistants dans ton crâne, cependant.. Ta voix se dresse, plus forte, plus légitime, mais surtout emplie d’un désespoir et d’une détresse qui se compose par ton propre tumulte. « Tais-toi ! Tais-toi ! Mais tais-toi ! Je… Je veux plus t’entendre ! » Tu as parlé fort, comme si augmenter le volume sonore de ta voix allait la chasser, mais tu sais que non. Tu sais qu’elle sera toujours là, comme un fantôme derrière ton dos, comme un monstre prêt à attaquer sa proie, à se fondre sur elle. C’est ce que tu es : une proie pour ta propre conscience, et ta main, incontrôlable, portant la lame, s’abat sur ton avant-bras, entaillant encore et encore cette peau déjà martyrisée par bien des coups qui se dévoilent sur ton épiderme en volutes infernales alors que ton poignet retombe mollement contre le rebord de la bassine. Deux entailles, est-ce là le prix à payer pour que tu sois encore en vie ?
CODAGE PAR AMATIS
Re: III.LES DISPARUS
Ven 28 Juin - 10:52
Leith aep Bleidd Dearme
What is truth if not an illusion?
Kissing death and losing my breath
Adam Ulver Isenhart & Nuage Orion de Spalla
✷ ✤ ✷Est-ce que tu te souvenais du jour où la voix était apparue ? Est-ce que tu te souvenais du jour où tu avais appuyé la lame pour la première fois contre ta peau opaline en espérant mourir ? Tu ne t’en souvenais pas avec exactitude, mais tu habitais encore avec Gorgyr. Tu avais encore tes deux oreilles, intactes, et tes bras étaient encore blancs comme neige, sans la moindre trace d’encre, sans la moindre trace de ce que tu t’infligeais dans l’espoir de pouvoir respirer, pour quelques secondes. C’était juste ça : respirer, reprendre un souffle qui disparaissait quand elle prenait autant d’importance dans ta tête. C’était tout simplement ça. C’était l’éloigner, pour quelques secondes, afin que tu puisses respirer à nouveau, pour que tu ne te noies pas dans les méandres de ses remarques. Tu cohabitais avec elle, dans un seul cercueil, avec les ombres sinueuses de ta culpabilité, créant un royaume dans lequel tu n’étais qu’un étranger dont la lumière s’amenuisait à mesure que le temps passait. A chaque coupure, tu côtoyais un peu plus les étoiles de la mort, un peu plus les étoiles du regret, de la libération et pourtant… Pourtant, à chaque coupure, tu t’en voulais un peu plus, ta culpabilité grandissait à vue d’œil, brûlant toujours plus les réminiscences de ce que pouvait être ta conscience, saine et pleine de vie. Tu t’en voulais d’infliger ça à un corps qui n’avait rien demandé, qui n’était pas le tiens entièrement et à qui tu avais pourtant promis de veiller, mais tu étais un bien piètre gardien, tu étais rien de plus qu’un enfant dans un corps d’adulte, dont la conscience marchait à l’envers, brisait chaque petite parcelle de ce que tu étais à mesure que tes actes influaient sur le reste de ton monde. Parfois, tu en venais à te demander si ça n’était pas plus simple d’en finir, d’arrêter cette mascarade dans laquelle tu étais persuadé que tu pouvais survivre, d’arrêter de porter ce masque et de juste tout laisser tomber pour que cela se brise pour de bon. Parfois, la lame était si proche de ta nuque que tu étais persuadé que tu pourrais l’enfoncer pour de bon, embrocher ce qu’il te restait de vie pour la laisser s’écouler, tout naturellement, dans l’eau de ton bain. Ton âme se brisait toujours un peu plus, toujours un peu plus durement à chaque coup que tu infligeais à cette peau opaline, les tatouages ne masquant qu’aux yeux des autres ce dont tu étais le plus honteux : cette lâcheté, ce besoin, irréversible, de te faire du mal pour quelques secondes d’air, pour quelques secondes de paix, pour que tout se taise et qu’il ne reste rien de ta conscience si ce n’est le vide entre tes synapses. Tu étais lâche. Tu aurais dû mourir il y a longtemps, il n’y avait pas de raison que tu sois toujours en vie, il n’y avait pas d’explications, tu ne comprenais pas pourquoi, de tous les autres, tu étais toujours là. Pourquoi tu te tenais toujours aussi droit quand tes racines étaient aussi boueuses que les marécages de Velen, pourquoi, toi, tu arrivais encore à sourire quand ton cœur était au bord de tes lèvres, que tes entrailles se brisaient à mesure que l’angoisse grimpait, que la paranoïa se frayait un chemin sous ton épiderme pour venir tout empoisonner. « Tu n’as pas le droit de mourir, Nuage. » Tu as envie d’hurler parce que c’est vrai. Tu ne peux pas mourir, tu n’as pas ce droit à t’octroyer, parce que ce n’est pas ton corps. Tu n’es qu’une copie, un semblant de quelqu’un qui t’asphyxie de l’intérieur parce que ce que tu es, la personne que tu te forces d’être, essaye de survivre, de repousser la réalité au loin. Tu n’as pas le droit de t’emparer de ta vie quand tu as pris celle d’un autre, parce que ta vie n’est pas égale à celle que tu as prise. Tout ce que tu peux faire, c’est chercher le réconfort au-delà des démons, c’est chercher le bonheur là où tu estimes n’en mériter aucun. Tu aimerais dire que tu es humain, mais tu ne l’es pas, que ta recherche n’est même pas propre à ton essence humaine parce que tu ne l’es pas. « Tu es un monstre. » Le dédain de cette même idée, s’ancrant et s’emmêlant dans la tienne comme un poison qui se dilue dans de l’eau trouble. La souffrance est telle que tu n’arrives presque plus à faire la distinction entre ce que tu es toi, et ce qu’il est lui. Et tu pleures, tu coupes, tu cherches à atteindre cet Eden inaccessible où enfin, ENFIN, tu serais libéré de cette voix qui t’obsèdes depuis des années sans que tu ne puisses l’enfermer. Elle fait partie de toi et tu fais partie d’elle, tu te rends compte, tu es conscient que c’est une partie de toi, qu’elle n’est pas venue par hasard et que… Tu es malade. Et tu ne comprends pas pourquoi tu es toujours en vie, quand les gens malades meurent ou qu’ils sont envoyés sur le bûcher. « Tu ne comprends pas, ou tu ne souhaites pas comprendre ? Menteur. » Tu ne sais pas. Tu ne sais pas quoi lui répondre.
Alors, oui, c’est plus simple, c’est plus facile d’appuyer la lame contre ta chair, sur tes côtes, sur tes poignets, sur tes cuisses, c’est plus simple. C’est lâche, car tu sais que tu ne seras jamais capable d’appuyer véritablement pour en finir, même si ce n’est pas l’envie qui manque, du moins.. Quand elle est là, qu’elle t’obsède, te rend fou, te fait voir le monde de ta culpabilité, le royaume où le regret est roi. Tu veux vivre, malgré tout. Mais, à ce moment présent, quand la pluie tape, encore et encore contre la charpente, et qu’elle te maudit de toutes ses forces, tu aimerais avoir le courage de pouvoir en finir, de pouvoir tout arrêter mais quand tu regardes la lame qui glisse lentement sur ta peau, tu sais que tu n’as pas la force ni la témérité d’appuyer plus fort que pour affirmer cette coupure en quelque chose de pire. « C’est parce que tu crois encore que ta mort pourrait affecter quelqu’un, c’est parce que tu as encore de l’espoir que quelqu’un puisse t’aimer suffisamment pour avoir mal pour toi en voyant ton suicide. » Tes sanglots redoublent tandis que tu te sers encore plus, que tu te recroquevilles un peu plus. Tu tiens plus fermement la lame, que tu appuies juste un peu plus pour que le sang coule juste un tout petit plus. Tais-toi, tais-toi, tais-toi… mais il n’y a rien de plus qu’une litanie inutile car jamais elle se taira et tu le sais, tu en es bien conscient tout comme tu es au courant que ses paroles ne sont pas dénuées de raison. Mais tu ne le mérite pas. Tu ne mérites pas que l’on puisse pleurer ta mort, tu ne mérites pas que l’on te regarde comme si tu étais quelqu’un d’important, tu ne mérites pas d’être salué, d’être apprécié, d’être.. Non. Tu t’en voudrais, de faire souffrir quelqu’un parce que ton désir égoïste d’en finir a été plus fort, mais tu sais, tu sais au fond, que ça n’arrivera pas. « Eh oui, cruelle réalité n’est-ce pas ? Personne ne t’aime pour pleurer ta mort ou ta blessure. » Et c’est douloureux, peut-être encore plus que la lame qui passe sur tes côtes. Tu appuies, le sang coule, se mélange à l’eau devenue presque glacée, et tu fermes les yeux, pour quelques secondes, la voix devenant un vague souvenir, un vague murmure alors que tu sembles pouvoir reprendre un peu de ta respiration au travers des sanglots. Tu n’entends même pas le bruit qui se trame au rez-de-chaussée, tu t’enfonces juste, un peu plus, dans ce monde où tu peux vivre, où tu peux te laisser aller, où tu peux espérer un peu d’accalmie avant que le déluge ne revienne parce que la soirée vient à peine de commencer. Le cauchemar n’est qu’à ses prémices, l’acte premier venant tout juste d’être joué tandis que tu considères sérieusement braver la pluie pour aller ailleurs, pour échapper à cet enfer que tu t’es créé toi-même, qui t’éviscères à chaque instant qui passe. Tes sanglots ne se meurent pas, non, jamais. Tu ne peux pas les contenir, tu ne peux pas les empêcher alors que ta culpabilité est toujours présente, toujours enclin à venir taillader en morceaux ce qui te reste de courage, ce qu’il te reste de sainteté d’esprit. C’est sans compter sur l’angoisse qui monte vivement quand la voix d’Adam résonne au cœur de ta pièce et que ta lame t’est arrachée. Ton souffle t’est arraché par sa présence, par ses mots brûlant d’une colère que tu ne comprends pas et tu te recroquevilles un peu plus alors que l’anxiété coupe absolument tout système de fonctionnement de ton cerveau. Tu caches ton poignet, tu caches ton corps meurtri comme tu le peux, enfonçant ton front contre tes genoux alors que tu te tentes de respirer par-dessus l’angoisse, par-dessus la paranoïa, par-dessus les sanglots incontrôlables. Tu commences à hyper ventiler, à ne plus être capable de récupérer ton souffle, et tes mots sont hachés, perdus dans un sombre méandre que tu n’arrives pas à distinguer. « Va-t-en Adam, s’il… S’il te plaît… Laisse moi. » Tu bouges ta tête de droite à gauche alors que tu t’enfonces un peu plus dans l’eau, que tu cherches un souffle que tu ne trouves pas dans le creux de tes poumons et de tes genoux, les larmes se mêlant à tous les fluides qui s’entremêlent présentement. Tes ongles griffent nerveusement la peau de tes jambes dans l’espoir d’apporter une certaine stabilité que tu n’as plus et tu es effrayé, comme un animal. Apeuré, acculé par un homme qui est entré là où tu ne souhaites que personne ne vienne, parce qu’il a vu ce que tu tentes tant bien que mal de cacher. Il a vu ce qui est ta plus grosse honte, ta plus grande peine, ton plus grand désespoir, matérialiser par des hachures, des coupures nettes qui ne démontrent pas d’accident mais bien d’événements voulus, prémédités. Tu ne veux pas qu’il s’inquiète, tu ne veux pas qu’il te voit comme ça. Tu aimes bien Adam, il a toujours été gentil avec toi, il ne t’a jamais montré de pitié, tu ne veux pas qu’il te voit comme ça, tu ne peux pas, tu ne … « Bravo, Nuage. Encore une réussite, dis-moi. » Et un nouveau sanglot, un nouveau manquement de ton cœur, une nouvelle asphyxie alors que tu essayes de t’enfoncer encore plus dans ta spirale. « Tais-toi ! » Tu cries presque, mais avec le manque de souffle, il ne s’agit là que d’un simple murmure étouffé, d’un grognement à peine perceptible. Tu es une bête, acculée et en détresse et tu commences à doucement sombrer vers ce qui demeure le pire à venir, surtout quand l’angoisse te prend aux tripes avec tant de vigueur. entailles, est-ce là le prix à payer pour que tu sois encore en vie ?
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Re: III.LES DISPARUS
Mar 18 Fév - 22:02
Din'anshiral Nurrild
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Mirrors have always been scared of me
Gynvael Thorneviel & Ambroos var Isilm-Irffyn
Beauclair - Haute-Ville - Mars 1275 - Fin de journée
Le soleil commence à descendre, doucement, sur l’horizon de Toussaint, sur les plaines et collines abondantes qui jonchent le terrain de ce duché que tu aimes autant que tu adores. Tu peux encore sentir, de là où tu es, l’odeur de la pluie fraichement tombée de la veille, une odeur qui chatouille tes narines et te ramène doucement à des souvenirs que tu ne sais si tu dois les oublier ou les conserver précieusement, finalement. Tu as affronté cette pluie en rentrant chez toi, plus tôt dans l’après-midi. Après tout, aujourd’hui, tu ne travaillais que pour quelques heures et tu accueillais sans mal cette bénédiction pour avoir ton après-midi plus lâche, laissée libre à tes travaux les plus succins et les plus triviaux, si tu pouvais le dire comme ça. Tu n’as pas fait grand-chose, il est vrai, te contentant de ranger quelques nouveaux ouvrages dans tes bibliothèques et t’occuper de tes chats – et donc démêler les nœuds du poil d’Arnza, ce maine coon au poil bien trop capricieux pour que tu n’en prennes pas soin. Tu t’occupas des autres, également, et tu passas quelques commandes, pour le travail, grâce à Soupir et Valravn pour des ouvrages dont tu avais besoin, encore et toujours. Curieusement aussi, tu souhaitais retrouver des choses que tu avais pourtant laissées au passé, en pensant qu’elles y resteraient pour toujours. Et pourtant, tu te retrouvais aujourd’hui à vouloir retrouver les anciens traités que tu avais pu écrire par le passé sur la défense de la société et de l’empire Nilfgaardien. Tu ne sais pas pourquoi tu ressens ce besoin aujourd’hui de ressasser ce genre de documents dont, à l’évidence, tu n’as nullement besoin simplement parce que tu es curieux de ce que tu as pu écrire. Ta mémoire n’est pas infaillible, nullement, et tu sais que tu n’as tout simplement pas besoin de les relire car quand bien même, tu te souviens des quelques choses que tu as pu mentionner dans ses lignes troubles. Tu as essayé, aussi, de retrouver ce que ton identité passée, Quellcrist, avait écrit : les balades, les poèmes, les chants, tout ce qui composait ton métier au sein de la cour du Nilfgaard et il s’est avéré, curieusement, que beaucoup de textes étaient désormais sous scellés dans les archives de l’Empire, presque inaccessibles. Tu trouvais ça curieux que tes propres textes, ceux que tu avais chantés auprès de l’empereur, étaient si peu à portée mais c’était ainsi, tu n’allais décemment pas te battre contre ça. Tu essayais, toutefois, et tu avais essayé, de faire lever les verrous, mais ils semblaient bien plus difficiles que tu ne le pensais, te retrouvant alors face à ce mur, et à ces souvenirs parsemés, perdus dans le vent, dans le temps et tu ne pouvais faire rien d’autre. Alors tu avais laissé tomber l’idée pour la journée, préférant te concentrer à des choses plus simples, plus classiques mais pas moins dénuées de sens si bien que la journée était passée suffisamment vite. L’averse que tu avais pris sur la tête avait eu, aussi, l’effet de laver quelque peu ton esprit des potentielles idées noires qui auraient pu s’y trouver et à peine étais-tu arrivé chez toi que tu t’étais déchaussé pour pouvoir marcher pied nus dans les légères flaques qui s’étaient forgées sur le carrelage de la cour de ta demeure. Le soleil commençait certes à tomber, mais les bougies étaient déjà allumées ci de là du domaine, duquel tu pouvais voir sans mal le palais, en face. Un avantage d’avoir trouvé un terrain si grand et si bien orienté en pleine Haute-Ville : tu avais une vue splendide sur le palais mais également sur tout le reste de Toussaint. Toutefois, même si tu n’étais pas dérangé par le fait d’être trempé, tu ne pouvais décemment pas le rester, alors tu fis préparer un bain dans lequel tu ne tardas pas à te glisser.
Et tu en profitas, comme toujours, la tête renversée en arrière, les yeux clos alors que tu bénéficiais des bienfaits du savon de Zangvebar que tu utilisais et qui formait des petites bulles ci de là au-delà de la surface de l’eau. Les bougies de ta chambre donnant une ambiance particulièrement douce qui rendait le tout particulièrement apaisant tandis que tu laissais tes doigts filer contre les rainures qui se trouvaient sur la bassine dans laquelle tu étais. Toutefois, ta quiétude fut interrompue par une de tes domestiques de nuit, Veronijka, une ancienne femme de maison Nilfgaardienne qui avait rejoint Toussaint après la mort de son époux à la guerre. Veuve et sans enfants, demandeuse d’emploi, de stabilité et d’un peu de quiétude, que tu lui avais offert en lui donnant un travail dans ta maisonnée. Elle travaillait, également, pour le compte du bordel de ta sœur jumelle, subissant ses caprices et ses colères plus que les tiennes, mais elle était loyale, fidèle, et s’occupait particulièrement bien de la maison, qu’importe l’heure de la nuit, ainsi que de tes animaux quand tu ne pouvais pas le faire parce que pour peu, tu décidais de fermer l’œil. Elle toqua, comme toujours, à la porte de ta chambre, et tu la laissas rentrer sans mal. « Maître Ambroos, une invitée est là pour vous. Il me semble que c’est la magicienne, l’inventrice. Je l’ai installée dans le salon extérieur, sous la terrasse, comme vous le souhaitez généralement à cette heure-ci. » Pendant quelques secondes, tu te questionnes naturellement sur le pourquoi elle est là, puis, la réponse te vient naturellement : le miroir. Tu avais oublié ce petit détail pourtant existentiel de sa présence. Tu lui avais commandé un miroir après avoir brisé le dernier que tu avais, un miroir enchanté de façon à ce que tu puisses voir ton reflet de temps à autres. Un rien. « Merci, Veronijka. Peux-tu nous servir.. Du thé blanc, en attendant que je sois présentable ? » La femme t’adresse un large sourire avant de quitter la pièce sans plus de paroles, fermant la porte derrière elle alors que tu entends sans mal ses petits pas descendant les escaliers pour rejoindre l’autre partie de la maison où se trouve la cuisine. Tu décides alors de quitter le bain, attrapant les premiers vêtements qui passent sous ta main : un pantalon en lin, beige écru, ainsi qu’un peignoir noir, très fluide, très léger, que tu attaches à ta ceinture de façon à ce qu’une grosse partie de ton buste soit caché à l’exception de ce col en V. La température te permettait de ne pas rajouter de chemises à cela, et surtout, de ne pas avoir froid. Ou alors était-ce simplement ta résistance naturelle au froid, tu n’en savais rien, mais pour l’heure… Mars était doux, et la journée, bien que pluvieuse, avait été chaude et c’était toujours le cas maintenant. Tu restas pieds nus toutefois, jusqu’à rejoindre l’extérieur ou tu enfilas une paire de mocassins légers avant de rejoindre le salon d’été où la jeune elfe t’attendait, aux côtés d’Arnza, ton maine coon sereinement installé sur un des divans avec Gidéon, ton chaton aveugle, entre ses pattes. Tu te penchas alors vers la jeune femme, attrapant une de ses mains pour y déposer un baiser avant de lui accorder un large sourire. « Mademoiselle Thorneviel, quel plaisir que de te voir ce soir, un rayon de soleil après cette après-midi pluvieuse. » Tu souffles alors avant de prendre place sur un des divans non loin du sien, la table basse vous faisant face, de même que le divan où ton gigantesque chat se prélassait en toute impunité. Tu observas ta domestique posé la théière sur la table avant de vous servir une tasse à tous les deux, laissant le liquide chaud remplir les petits écrins de porcelaine. Tu accordas un sourire qui en disait long à la jeune femme avant que celle-ci ne s’en aille, en direction de la cuisine, pour éventuellement penser le dîner. « Comment vas-tu, Gynvael ? » Tu demandas à la jeune elfe, avant de lui tendre une tasse de thé, un sourire sur le bout des lèvres.
@MADE BY ice and fire.
Dernière édition par Ambroos var Isilm-Irffyn le Dim 8 Mar - 12:18, édité 1 fois
Re: III.LES DISPARUS
Mar 25 Fév - 23:11
Leith aep Bleidd Dearme
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Aëlys Rowena Oslaya Résidente à Beauclair
Philippa Eilhart Redania
Chère Dame Oslaya,
N
ous sommes à l’aube d’un beau jour, d’un nouvel horizon et d’un nouveau monde qu’il nous convient à tous de protéger et de voir grandir sous la grandeur qui lui est propre. Un grand jour, sans nul doute, qu’est celui où je vous envoie cette missive porteuse de grands messages et de grands desseins, comme vous pouvez aisément vous en doutez. Après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on reçoit une missive d’une magicienne telle que moi et d’une reine, de surcroit.
Sachez, ma chère, que j’ai l’honneur de vous conter parmi les rares femmes à être au courant de ce que je vais vous annoncer. En effet, ma nouvelle n’est pas sans impact ni même sans conséquences, et vous aurez peut-être ainsi le loisir que de faire partie de l’élite qui commence à se former sous ma gouvernance. Laissez-moi donc vous annoncer la renaissance de ce qui fut et qui sera la plus grande et la plus puissante organisation magique : La loge des Magiciennes. Avec l’aide de consœurs qui ont souhaitées soutenir la renaissance de ce projet hautement important pour ce monde, nous avons décidés, sous mon concours, de faire revivre nos plus grands desseins.
Si vous n’étiez point au courant, laissez-moi vous conter brièvement ce que fut la Loge des Magiciennes, même s’il devrait être de nature publique considérant votre statut que vous soyez au courant, mais soit. Nous n’avons pas tous le luxe et le plaisir d’être au courant de tout. Sachez que la loge n’est rien d’autre qu’une organisation sous ma gouvernance et sous le concours de sœurs de même rang qui n’a pour but que de servir les desseins de la magie, de la préserver et de lui offrir la grandeur qu’elle mérite. La Loge sert les desseins du monde et de la magie. Nous sommes comme le miroir du monde. Nous sommes la fermeté et la discipline, le cœur et les sentiments tout en refusant la possibilité que des hommes soient avec nous, en refusant la confiance, la gentillesse et la violence. Nous sommes la personnification de l’omnipotence de la magie. Nous servons les desseins politiques dans le seul but que la magie ne soit jamais desservie, qu’elle soit toujours valorisée et toujours prioritaire à d’autres desseins. Alors, oui, nous calculons, nous manipulons, et nous usons de trahison, mais ce sont des actions qui ne sont faites que dans le but de servir les desseins de la destinée, du monde, et de la magie. Voici notre miroir, voici notre force.
Si je vous raconte tout cela, ma chère, ce n’est pas seulement pour que vous soyez au courant, ce ne serait que nous desservir. Non, ma chère… Je vous offre une place au sein de notre loge. Parce que vos pouvoirs, vos compétences et votre appétence auprès de la magie ainsi que votre caractère nous ont intriguées et poussées à vous contacter aujourd’hui afin de vous proposer cette place qui vous donnera pouvoir et connaissance.
Bien évidemment, vous n’êtes pas la seule, comme vous pouvez vous en doutez. Trois autres candidates sont également en lice, et il ne tient qu’à vous d’accepter ou de refuser. Alors, si d’aventure, vous acceptez.. Je vous prie de nous répondre le plus vite possible, et ce, accompagné d’un argumentaire qui valoriserait votre place au sein de la loge. Qu’est-ce que vous apporteriez à la loge ? En quoi seriez-vous un atout ou un membre des plus extraordinaires et dévoué ? Offrez-nous un argumentaire, de la longueur qu’il vous plaira, afin que nous sachions ce qu’il en retourne, afin que nous puissions évaluer votre intérêt, et votre savoir. Dites-nous tout.
Dites-nous, et ce, avant la mi-mars, afin que nous puissions convenir de votre intronisation dans notre loge, ou non, que nous ayons le loisir de décider si oui ou non, vous ferez partie du futur du monde et de la magie.
Tout ceci, ma chère, ne tient qu’à vous.
Philippa Eilhart, reine de Redania et fondatrice de la Loge des Magiciennes.
️ sobade.
Re: III.LES DISPARUS
Jeu 27 Fév - 0:24
Din'anshiral Nurrild
What is truth if not an illusion?
Banquet Monstrueux
from the ashes of blood
Un parfum de rébellion s'élève dans la fête et la cohue. Il y a quelque chose de magique dans l'air, d'un brin mystique. Des bûchers ont été allumées, un peu de sauge a été brûlée et de l'encens se consume doucement. Une odeur de liberté alors que la danse d'une succube ébranle légèrement celle des flammes qui grignotent le bois près d'elle. Si la forteresse est encore loin d’être pleine à craquée, les monstres se grouillent déjà de ci de là auprès des banquets qui ont été installés pour l’évènement. Un évènement qui n’est pas fait pour rien, qui n’est pas là pour rien, oh non. La lune rouge, celle qui rougeoie dans le ciel une fois tous les ans et qui amène avec elle un sabbat pour les monstres, une heure de gloire, un temps béni pour ceux qui sont rejetés de tous.
C’est sur cette initiative, sur ce temps presque béni que le Nattångar, mené par son charismatique chef, a mené une action des plus victorieuses, en l’honneur de cette lune rouge qui n’est pas sans rappeler celle du monde originel des vampires. Une action contre des marchands riches, humains et elfes, qui cherchaient à enfin quitter le domaine ducal mais qui finirent, sans l’ombre d’un doute, dans les décombres de ce qu’il restait de neige. Et pour célébrer cette action, voici venir un sabbat, voici venir un temps pour les monstres, pour eux-seuls, pour qu’ils puissent se retrouver entre eux et c’est le Nattångar qui ouvre le bal de ce temps, qui ouvre la marche et ouvre ses portes pour permettre à tous de s’amuser en toute impunité. Succubes et Incubes se trémoussent là où ils trouvent la place, les vampires louvoie entre les coupes sanguinolentes, les dragons ronronnes sous le crépitement des braséros allumés pour l’occasion, les aguaras jouent de leurs illusions pour les yeux de tous tandis que les dopplers, plus fébriles, s’amusent à se déguiser, à louvoyer discrètement entre les tables et les êtres.
C’est votre heure, à vous les monstres, de célébrer, de festoyer jusqu’à ce que la lune rouge disparaisse, parce que pendant ce temps, le monde est vôtre, et il ne tient qu’à vous que de rendre cette soirée encore plus mémorable qu’elle ne l’est. Amusez-vous. Ceci est votre temps, et vous êtes bien conscients que tout ceci est éphémère, alors.. Profitez-en. Joignez vous à eux, vampires, succubes, incubes, aguaras, dragons, dopplers et abominations grouillantes, car il s'agit là de votre nuit. Puissiez-vous y trouver soulagement à vos maux, alliés et surtout plaisir.
Re: III.LES DISPARUS
Jeu 27 Fév - 0:35
Din'anshiral Nurrild
What is truth if not an illusion?
Le plan de tous les plans
blood will have blood
Derrière les portes closes, le bruit rôde, le bruit court, l’alcool flotte et s’écoule, la nourriture tombe et se gaspille, mais derrière les portes closes, c’est également là que les plus petits plans deviennent les plus grands recrutements et les plus grandes actions de ce monde. C’est derrière ses portes closes que se reflètent un monde que personne n’imagine et n’entreprends de comprendre. C’est derrière ce temps-là que tout se perd et tout s’estompe, c’est derrière ces portes-ci que l’on comprend la portée de tout.
Car si l’alcool coule à flot depuis déjà bien longtemps, il n’y en a pour qui le travail ne s’arrête jamais, et au fond, pour le Nattångar, il n’est jamais véritablement question de repos, non. Il est parfois question de souffler, de s’arrêter pour un temps, mais les rouages tournent toujours et ce n’est pas une action réussie qui stoppe tout le travail qui est à venir et qui est à faire pour toujours. C’est ainsi que derrière les portes closes se découpent les figures imminentes du Nattångar : le leader-né, Ataroa Nalani, son bras droit, Sascha vir Malphàs, ainsi que la jeune agura qui se trouve être l’ingénue du groupe, Zéphyr aep Liäl’wyn. Devant eux, une table, grande, longue, sur laquelle des plans se découpent, et sur lesquels se dessine un temple qui n’est pas méconnu aux yeux de ceux qui connaissent la ville ciblée.
Un bruit de porte qui s’ouvre et plusieurs têtes qui s’échappent de celles-ci, des regards curieux, des regards vengeurs, des assoiffés de sang et des assoiffés de justice. C’est le bras droit qui s’éloigne de la table et qui se tourne vers eux, un sourire mutin sur les lèvres, et qui annonce la couleur de ce qu’il se passera dans cette pièce.
« C’est pour nous rejoindre ou pour nous aider au plus grand coup que ce continent ai connu ? »
Et par « plus grand coup », il entend bien la future annihilation du feu éternel. Il est temps que le sang retrouve le sang, et que le feu n’épargne plus la connerie humaine. A vous de voir si vous voulez en être.
Re: III.LES DISPARUS
Dim 8 Mar - 12:19
Din'anshiral Nurrild
What is truth if not an illusion?
Mirrors have always been scared of me
Gynvael Thorneviel & Ambroos var Isilm-Irffyn
Beauclair - Haute-Ville - Mars 1275 - Fin de journée
Avec les âges et les années, tu n’étais pas sûr de pouvoir véritablement pointer le date qui scella ton amitié avec la magicienne que tu avais invité à venir chez toi. Ce n’était pas que tu ne te souhaitais pas t’en souvenir, non, c’était plus vicieux que cela : ta mémoire te jouait des tours, en permanence, et il t’était parfois difficile de te rappeler d’éléments aussi précis qu’une date en particulier. Même ta rencontre avec Ismée s’était perdue dans le temps, ou du moins, la date exacte, le moment précis et tout ce qui entourait une rencontre que tu aimais par dessus tout. Mais ta mémoire était curieusement stupide, particulièrement pénible et loin d’être arrangeante comme tu aimerais qu’elle le soit, mais elle ne l’était pas. Tu oubliais parfois trop souvent les choses qui étaient plus minimes que les gros évènements, et encore, là, tu pouvais tout simplement oublier de grosses anicroches de ta vie. Ce n’était pas pour rien que tu avais confiné une partie de tes plus gros incidents dans un carnet que tu gardais bien caché dans un bureau lui-même secret à toute personne vivant dans cette grande maison. Alors, ta rencontre avec la magicienne que tu avais invitée, oui, tu ne t’en souvenais pas mais tu étais persuadé qu’elle ne t’en tiendrait nullement rigueur. Ce n’était pas un affront, c’était juste une maladresse qui caractérisait si aisément la personne que tu étais et que tu étais devenue au fil des âges. On pourrait croire qu’avec ton grand âge, qu’avec ton expérience, tu t’étais affiné, comme un bon vin, que tu avais mûri et que tu avais pris en intelligence et que tu avais su comment t’améliorer ; la réalité était bien différente de l’expectation permanente qui planait sur ton dos. Peut-être était-ce justement pour ça que tu peinais autant à changer, à moduler ce que tu étais : parce qu’au fond, tu ne souhaitais pas particulièrement correspondre à ce que l’on attendait de toi. Tu préférais, largement, être là où on ne t’y attendait pas, être quelque chose de fatalement différent de ce que tu montrais de prime abord. C’était un exercice compliqué, mais que tu ne peinais pas plus que cela à faire puisque ça semblait directement inscrit dans tes gênes, dans ta façon d’être. Tu ne réfléchissais plus tant que ça à comment faire, à comment te débrouiller, tu le faisais, et c’était tout. C’était pour ça que ta maladresse, elle n’était qu’un point de plus que l’on ne pensait pas voir chez un vampire aussi vieux que tu l’étais et qui en surprenait plus d’un quand tu venais à renverser une tasse, à faire tomber un pot ou que tu te mélangeais les pinceaux sur les commandes, malgré toute l’envie que tu avais de vouloir être rigoureux au possible. C’était là toute la subtilité de la personne que tu t’acharnais d’être : tu étais un fantôme du passé dont les tares étaient plus souvent visibles qu’invisibles, dont la passion s’acharnait à s’accrocher à tes yeux quand elle s’épuisait pourtant ailleurs, quand tu t’époumonais à essayer de rester qui tu étais et à ne pas perdre de vue le grain de folie qui pouvait se glisser dans tes mouvements, dans tes lubies les plus farfelues, les plus étranges et les plus coûteuses, parfois. Tu n’étais pas un mauvais bougre, tu étais juste un vampire qui avait, curieusement, fait bien trop de mauvais choix pour être parfaitement conscient de sa propre toxicité auprès de ceux qu’il côtoyait un peu trop souvent. Ce n’était probablement pas pour rien qu’aujourd’hui, ton fils était parti du foyer familial ni même que ta sœur était moins présente. Tu n’y voyais pas une paranoïa stupide mais simplement une réalité fataliste à laquelle tu étais attaché bien plus que de raison. Mais soit, tu n’étais pas un collectionneur compulsif pour rien, et même ce genre de choses, ce genre d’incidents, de faits, tu les collectionnais, et tu les gardais, précieusement, malgré tout. Il n’y avait rien pour arrêter ce genre de faits que tu faisais, ces manies et ces lubies somment toutes jugées comme un dysfonctionnement cognitif par bien des gens que tu avais rencontré. Mais avec Gynvael…. Tout jugement semblait prompt à disparaître si bien que toi comme elle passiez pour des gens tout à fait normaux, qui n’avaient aucun problème, qui n’avaient pas plus de folie qu’un autre.
C’était pour cela aussi que tu appréciais la compagnie de la jeune femme aux oreilles pointues et à la peau de porcelaine. Il y avait une aisance de discussion entre vous qui ne laissait nullement place à un jugement anticipé et erroné, il y avait quelque chose qui rendait vos échanges bien plus simples qu’avec qui que ce soit d’autres, qui ne demandait ni à l’un ni à l’autre de moduler les paroles pour conspuer quelqu’un. C’était divinement plus simple. Autant, tu étais bien au fait de la bizarrerie qu’elle inspirait chez les autres, autant, pour toi, elle était une femme dotée d’un cerveau des plus curieux, des plus inspirants même tant ses idées arrivaient à faire poindre chez toi des étoffes de nouveauté, des choses qui tu n’aurais pas même imaginé et pensé. Elle arrivait à te faire vibrer, un peu, à donner un peu de substance à des pensées qui en avaient, depuis longtemps, perdues. Sa remarque sur les chats volants aurait probablement fait hurler n’importe qui aimant un tant soit peu les animaux, ou ayant un tant soit peu moins de folie qu’elle, mais chez toi… Elle ne te faisait sourire, doucement alors que tu avisais Arnza, ce gros chat au poil gris qui t’observait d’une curieuse manière qui ne laissait cependant aucun doute sur les pensées qui pouvaient traversées sa petite tête et que tu entendais sans mal : ‘n’essaye même pas d’envisager de me faire voler, tu y perdrais ta tête’, et il avait probablement raison. Toutefois, tu ne pouvais t’empêcher de l’imaginer, dans les airs, orné de petites ailes d’angelot blanches, papillonnant comme un papillon entre les nuages. Pour ce qui était de Gidéon, ton chat aveugle, qui reposait entre les pattes d’Arnza, tu avais bien plus de mal à l’imaginer. Déjà que le pauvre petit peinait en général à marcher correctement, tu te demandais si le prémunir d’ailes ne serait pas l’handicaper davantage, et tu ne souhaitais certainement pas rendre sa vie plus difficile qu’elle ne l’était déjà, quand bien même tu faisais ton possible pour que ses journées et ses nuits soient aussi douces que possible. « Figure-toi que non, jamais. Mais ! Je serai fort curieux de voir ça de mes propres yeux, Gynvael, si un jour tu viens à mettre en place une création qui le permet. Pas sûr que le royal chat ici présent accepte d’être un cobaye, mais je suis sûr que de tous mes chats, il devrait bien y en avoir un qui serait d’accord pour tester l’aventure. » Tu répondis avec le sourire, accordant même un clin d’œil complice à l’elfe, sachant très bien que sa folie était toute aussi bien partagée par ta propre personne. Tu l’étais probablement moins, à défaut d’avoir les mains et l’esprit pour pouvoir les mettre en place, mais tu retrouvais un peu de ton âme perdue dans tes rencontres avec cette femme. Tu retrouvais les soupçons du fantôme qui s’était plongé à de nombreuses reprises dans des ouvrages d’aventure, d’énigmes et d’invention jusqu’à en perdre la notion de normalité. Tu aurais aimé être plus manuel, être capable de fabriquer des choses de tes dix doigts, mais c’était malheureusement impossible. Tu demeurais coincé dans cette peau d’homme qui ne pouvait rien faire de plus que d’espérer que ton cerveau coopère un jour et te donne le loisir de mieux concevoir. Toutefois, tu essayais de ne pas trop t’attacher à cette pensée alors que tu t’installais sur une des banquettes du salon d’été, tes narines percevant sans mal l’odeur humide qui s’échappait de la terre après une pluie battante, mélangée aux arômes de ce qui se préparait en cuisine. Tu levas un sourcil, curieux, aux propos rapportés par la jeune femme. « Une étrange proposition? Dis-moi tout. » Après tout, tu n’étais peut-être pas le meilleur connaisseur des propositions, mais ta connaissance de ce monde et de toute les institutions qui avaient pu être créées était une force que tu te savais avoir et que tu aimais à partager sans compter. Si la jeune femme avait besoin d’éclaircissement sur un sujet, tu étais presque certain de pouvoir les lui apporter, d’une manière ou d’une autre. « Ouh. Rassure-moi, quand tu dis qu’il est agressif, il n’en vient pas à manger une oreille, quand même? Ce serait une telle horreur que tu perdes tes si jolies oreilles dans la confection de cette machine. Mais là encore, considère-moi intrigué par ta machine. Mes cheveux sont bien trop longs à sécher, figure-toi, ce serait un tel gain de temps. » Tu étais toujours curieux de ses nouvelles inventions, si bien qu’il n’était absolument pas rare de te voir débarquer chez elle lors de ta pause déjeuner ou lors de ton retour chez toi après une longue journée passée à la bibliothèque. Il n’était pas rare, non plus, que tu lui apportes des romands que tu avais lu et où tu avais trouvé une idée délirante qui pourrait être expérimentée. Tu aimais cette légère complicité avec l’elfe, quand bien même tu n’étais ni le cerveau, ni les mains, ni quoi que ce soit, juste un simple admirateur et observateur d’un travail que tu trouvais aussi fascinant qu’hallucinogène. C’était là tout le plaisir que d’être en sa compagnie : il n’y avait rien d’habituel, et il y avait toujours à apprendre et à comprendre en sa présence, ce qui rendait les échanges d’autant plus vibrant pour ta personne. « Je te remercie, et je suis certain qu’elle me conviendra, comme toujours. Ton génie n’a d’égal que ta beauté, ma chère. Tu me diras, toutefois, combien je te dois pour cette petite merveille. » Tu insistais, toujours, pour payer car tout travail méritait salaire et que le travail d’orfèvre de la magicienne méritait bien plus que tout ce que tu pouvais payer. Et tu aimais payer rubis sur l’ongle, être en règle, surtout avec une femme qui en faisait autant pour les autres, pour le travail qu’elle mettait en place. Tu ne pouvais décemment pas ne pas rendre grâce à un travail d’aussi bonne facture, aussi minutieux et aussi incroyable que le sien. A sa question, tu pris une légère gorgée de ton thé blanc avant de le reposer pour te lever et attraper le petit Gidéon, petit chaton aveugle, coincé entre les pates du maine coon qui se rapprocha alors de l’elfe pour réclamer des caresses. Tu te réinstallas alors, posant le petit chaton sur tes genoux, tes doigts glissant dans ses poils. « Je vais bien, figure-toi. Quelques cauchemars par ci par là, mais rien d’inhabituel. Oh, mon fils me manque, mais là encore, ah… Ce n’est que l’habitude, je dois dire. » Après tout, depuis qu’il avait quitté la maison, cette dernière semblait bien plus vite, et ce, encore plus puisque ta sœur était une acharnée du travail et ne semblait pas tant vouloir rester dans cette demeure qui était pourtant autant la sienne que la tienne, mais tu pouvais comprendre. Il y avait dans ses murs des souvenirs qu’aucun de vous ne pouviez oublier, dont les terribles qui recensaient tes morts, encore et encore. La trace du cadavre que tu fus, une trace que tu portes encore autour de ton cou avec cette cicatrice qui court le long de ton cou, cette décapitation extrême que tu ne caches pas aujourd’hui. « Oh et je suis convié à une soirée à laquelle je me dois d’attendre parce qu’il s’agit d’une graaaande fête en l’honneur du clan d’un ami. Toutefois, je redoute quelque peu l’idée d’y aller. Son compagnon semble me détester, mais bon… Suis-je homme à refuser une soirée parce qu’un participant me déteste pour une raison inconnue ? Je ne pense pas. » C’était vrai que tu aurais pu te poser la question, très sérieusement, mais tu n’étais pas sûr que cela en vaille la peine. Après tout, Ataroa t’avait convié, même si tu ne faisais certainement pas parti du clan, et tu comptais bien aller voir ton précieux ami.